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et peut-être à leur insu qu’elle avait recruté, envoyé cette élite de vaillants soldats, qui fut l’avant-garde du 10 août. L’inertie de la société ne fit pas tort à ses membres dans cette circonstance. Beaucoup furent appelés, sinon le 10 au moins le 11, à la nouvelle Commune. Ils profitèrent en grand nombre de la victoire, furent placés de préférence dans les fonctions de toute espèce, jurys, missions, présidences ou secrétariats de sections. Le club fut laissé désert.

Une chose était à craindre : c’était que les Jacobins, tout en réussissant comme individus, ne périssent comme société.

Déjà la correspondance avec les sociétés de provinces était tout à fait désorganisée.

Qu’adviendrait-il de la société de Paris si, pendant qu’elle se dépeuplait de jour en jour, la réunion nocturne des représentants, qui se tenait dans le même enclos, allait prendre corps, se fortifier, s’enraciner ? Ne finirait-elle pas par remplacer l’ancienne société, lui prendre son nom (qui, après tout, n’était que celui du local) et s’appeler les Jacobins ? La société, menacée à ce point, devait faire pour vivre un effort décisif ou se résigner à périr.

Telle était la situation. Elle fut simplifiée le 2 septembre, et la question tranchée. On trouva moyen de faire les élections de Paris, dès ce jour, au sein même des Jacobins. Robespierre, sans prendre une part directe au terrible événement, en profita à merveille.