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temps, servit de caserne. Là, peu avant le 10 août, peut-être même avant le 20 juin et la première invasion des Tuileries se réunissaient la nuit les plus ardents patriotes de l’Assemblée législative. Ils ne venaient là qu’à minuit, une heure ou deux après la clôture de l’Assemblée et des Jacobins. À cette réunion venaient, pêle-mêle, des hommes qui, plus tard, se divisèrent en Girondins et Montagnards ; près du Girondin Pétion siégeait le Montagnard dantoniste Thuriot. Nous ignorons entièrement quelle fut la part de ce conciliabule de représentants dans le renversement de la royauté. Cette petite assemblée nationale autorisa-t-elle le changement de la Commune, donna-t-elle le signal et l’ordre à Manuel et Danton, eut-elle connaissance du comité insurrectionnel qui travailla au 10 août ? Nous l’ignorons. Ce qui est sûr, c’est que les représentants ne se fièrent point à la société, trop mêlée, des Jacobins, que cette société, qui gardait obstinément son titre des Amis de la constitution, n’aurait nullement accepté la responsabilité de ces actes audacieux, d’un succès si incertain. On a vu avec quel soin Robespierre se préserva de tout contact avec le comité insurrectionnel. L’hôtesse de Robespierre, craignant qu’on ne le compromît, ne voulut pas même souffrir ce comité dans une chambre de la même maison et mit littéralement la Révolution à la porte.

Marseille, comme bien d’autres villes, ne correspondait plus avec les Jacobins. C’était sans leur avis