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gereux de la tyrannie nouvelle était fort habile. Le tribunal était le centre, le point de ralliement des hommes de 1793, le temple, le lieu sacro-saint des croyants de la Terreur. Elle y siégeait elle-même, et qui y siégeait avec elle se sentait inattaquable, bien plus que la Convention. Quelque opinion qu’on eût en réalité de ce tribunal, on ne pouvait contester qu’il ne fût le glaive de la République, et que, toucher à ce glaive, risquer d’en émousser la pointe, c’était donner aux royalistes une incalculable audace.

À ce moment même, on amenait de Bretagne les royalistes qui avaient recelé chez eux tous les actes du complot, les listes des conjurés. Ces prisonniers qui arrivaient au tribunal révolutionnaire allaient-ils trouver leurs juges poursuivis, prisonniers eux-mêmes ? Cela était impossible. Ces juges, en un tel moment, se trouvaient inviolables, impeccables, quoi qu’ils fissent.

Cela n’arrêta pas les Douze. Ils ordonnèrent à Dobsent de leur apporter les registres de la section, et, sur son refus, le firent arrêter.

La Convention suivait les Douze ; elle paraissait résolue. Le même jour, 26 mai, sans discussion, sans phrases, elle vota non seulement l’élargissement des cinq personnes emprisonnées sur l’ordre de Dobsent et du comité, mais la suppression même du comité, la défense à tout comité de s’appeler révolutionnaire, l’ordre général aux comités de se renfermer dans les pouvoirs que la loi leur donnait sur les étrangers.