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moins l’avantage de débarrasser la Convention des Girondins pendant la crise du printemps. C’est tout ce que voulait Danton.

Robespierre ne voulait pas que la Gironde donnât sa démission. Il voulait qu’elle fût jugée. Il croyait qu’elle était coupable, exigeait une justice. Sincère en cela, sans nul doute, il montrait bien peu de sens politique. Quel danger immense de commencer un tel procès dans la situation où était la France ! Les Girondins eussent-ils été coupables, il y avait à parier qu’on n’aurait contre eux que des preuves morales, de simples présomptions. Et quand même on aurait trouvé des preuves très certaines et très convaincantes, quel moyen de les démontrer telles aux départements, qui feraient de tout cela une affaire d’orgueil ou d’honneur, et se croiraient toujours offensés dans leurs députés ?

Robespierre voulait-il la mort des Girondins ? Non, à cette époque. Il ne les voulait pas morts, mais démasqués, déshonorés.

Tel était aussi l’avis de Marat, plus modéré au fond que ses paroles sanguinaires ne l’auraient fait soupçonner… Je croirais même qu’il désirait peu un procès en règle. Que les Girondins fussent écartés, arrêtés, mis hors d’état de conspirer, il ne désirait rien de plus.

La majorité des Jacobins n’avait nulle autre pensée que celle de Robespierre. On serait injuste envers eux, si on les jugeait sur le mot que l’un d’eux, un misérable, Desfieux, écrivait, le 6 avril, aux Jacobins de