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tentement, nomme président le plus violent des Girondins, Isnard. Choix malheureux. La violence d’Isnard était provocante, colérique, malencontreuse, sans adresse ni mesure.

C’était la guerre.

On pouvait prévoir aisément, avec un tel président, qu’un conflit aurait bientôt lieu, que la Gironde ou la Montagne serait infailliblement brisée.

Cependant la situation n’était pas telle qu’on pût hésiter dans ses vœux. La Gironde était pleine de talents, éloquente, elle comptait beaucoup d’hommes honorables, qu’on était forcé d’aimer ; mais enfin elle ne proposait nul remède, nul secours. La France périssait avec elle. Elle était le centre, l’appui du fatal modérantisme qui entravait l’action, empêchait spécialement l’action financière, la vente des biens de l’émigration.

Comment écarter la Gironde, si elle ne donnait pas elle-même sa démission ? Comment l’écarter, sans armer la vengeance des départements, commencer la guerre civile ?

Danton désirait qu’intimidée ou s’avouant qu’elle était l’obstacle au salut de la Patrie, la Gironde se retirât. Il eût voulu que la Convention sanctionnât provisoirement le vœu de Paris à ce sujet, que sa décision fût communiquée aux départements. S’ils adhéraient, la retraite des vingt-deux deviendrait définitive. Il fit présenter la chose sous cet aspect aux Jacobins par son ami Fabre d’Églantine (séance du 1er  mai). Cet expédient, quel qu’il fût, avait du