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France adoptait déjà le grand principe bourgeois : « Chacun chez soi, chacun pour soi. »

L’adresse jacobine du 15, contre la Gironde, fut lue par un dantoniste, un jeune ami de Danton. Misérable servitude d’un homme qui, le 5 avril, réclamait encore l’union dans la Convention, le rapprochement des partis, la fraternité !

Aussitôt que la Montagne parut improuver l’adresse, les dantonistes prirent courage, l’improuvèrent aussi. Le 16, l’un d’eux, Phelippeaux, dans un discours visiblement inspiré du maître, demanda, obtint qu’on passerait à l’ordre du jour sur la pétition de la Commune. Il répéta avec chaleur ce que Danton avait dit le 10 mars, que les chefs des deux partis étaient l’obstacle de la situation et les destructeurs de la République : L’autre jour dit Phelippeaux, j’entendais dire : Si Brissot et trois autres s’accordaient avec Robespierre, tout serait sauvé. Il n’y a donc plus de République !… Si leur discorde la détruit, leur union la perdrait de même ; unis ils seraient nos maîtres… Nous n’avons pas encore la loi salutaire de l’ostracisme ; mais eux-mêmes, s’ils sont généreux, qu’ils se l’imposent, qu’ils se chassent, puisqu’ils sont l’éternel tourment et la calamité de la patrie !… »

La Gironde mise hors de cause et l’accusation écartée, persisterait-elle dans la demande des assemblées primaires ? Ici elle se divisa. Le mot net et franc de Fonfrède (N’est-ce pas la guerre civile ?) avait fait impression sur la Gironde elle-même.