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vaient (au moins pour les résultats) transformés en terroristes.

La machine à pétitions joua d’abord par Bonconseil, le quartier des Halles et des cuirs que gouvernait un cordonnier, devenu homme de loi, Lhuillier, ami de Robespierre et son candidat pour la mairie. Dans les grandes crises (on le voit par les procès-verbaux), la section ne faisait rien sans consulter M. Lhuillier. La pétition, dressée très probablement par Lhuillier, contre les complices de Dumouriez, Brissot, Guadet, etc., ne fut pas bien reçue dans la Convention. L’ami même de Danton, Lacroix, somma les pétitionnaires de préciser leurs vagues accusations, de donner leurs preuves.

Les Jacobins avaient un moyen de pousser les dantonistes, de les entraîner. Ils déclarèrent qu’ils voulaient épurer la société. Ils firent éprouver à Lacroix une mortification publique. Ils parlèrent de chasser Fabre d’Églantine, homme de plaisir et de luxe, comme Lacroix, suspect, comme lui, d’affaires d’argent. On ajourna la décision ; on le tint sous la menace, non chassé, mais près de l’être.

Danton, nous l’avons déjà dit, avait deux bras en quelque sorte, deux mains, deux plumes brillantes, Fabre d’Églantine et Camille Desmoulins. Celui-ci, léger, colère, autant que Fabre était corruptible et corrompu. La colère perdit Camille. Censuré justement par Brissot, pour l’assistance étourdie qu’il prêtait à des gens indignes, des intrigants, des joueurs, Camille tourna tout à fait à Robespierre, écrivit pour