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Danton se donna une nuit pour bien savoir l’opinion, n’alla ni à la Convention ni au comité. Son rôle de messager auprès d’un homme si suspect était un péril immense. Il avait conseillé le message, il l’avait porté. Danton avait conseillé d’envoyer Danton. Il avait fait prévaloir dans le comité l’avis hasardeux de celer une lettre si importante, adressée à l’Assemblée. N’était-ce pas là un cas de haute trahison ? Il avait joué sa tête. Il était fort à craindre que ses complices eux-mêmes, les membres du comité, compromis par lui, ne la demandassent pour sauver la leur.

Danton serait-il, en ce danger, ménagé par la Gironde ? Cela était fort douteux. On ne pouvait faire aucun fond sur le parti de la Gironde, parce que ce n’était pas un parti. Le même jour, 1er  avril, on louait encore Dumouriez dans le journal de Brissot ; et dans l’Assemblée, un autre Girondin, Lasource, dénonçait violemment Dumouriez et son complice Danton.

Les amis de Roland arrivaient exaspérés à la Convention, le 1er  avril, au matin. Le comité de surveillance avait pendant la nuit, en lançant des mandats d’arrêt contre Égalité père et fils, ordonné qu’on mît les scellés sur les papiers de Roland. Les amis de celui-ci crurent reconnaître en ceci la main de Danton, l’effort perfide d’un homme qui, se sentant enfoncer, appuyait sur eux, les noyait.

Se trompaient-ils ? On ne le sait. Ce qui est sûr,