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qu’on amusa Dumouriez de quelque espoir de permettre un roi constitutionnel, mais que, n’ayant rien écrit, l’on n’eût rien tenu.

Mack et Dumouriez, réunis en conférence avec le duc d’Orléans et les Orléanistes Valence, Thouvenot et Montjoie, convinrent : Que les Impériaux agiraient comme auxiliaires de Dumouriez ; qu’il marcherait vers Paris ; que, s’il n’y pouvait rétablir la royauté constitutionnelle, il les appellerait à lui et deviendrait leur général ; que, non content d’évacuer la Belgique sans combat, il leur donnerait en France une place de garantie, Condé ; une place pour commencer ; les autres places, que les Impériaux pourraient occuper plus tard, dans leur croisade pour nos libertés constitutionnelles, recevraient des garnisons mixtes d’Autrichiens et de Français.

Un point manque dans ce traité : Quel serait ce roi constitutionnel ? — L’enfant prisonnier au Temple, ou le duc d’Orléans, qui menait si obligeamment les Autrichiens à Paris ?

Danton était parti le 16 ; il revint à Paris le 29, à huit heures du soir. Dans ce temps si court, tout avait changé. Personne ou presque personne n’osait plus révoquer en doute la trahison de Dumouriez. Nulle preuve cependant n’était survenue ; sa convention du 22 avec Mack n’était pas connue encore. Et néanmoins le bon sens public, je ne sais quelle voix intérieure disait à tous : « Il trahit. »