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le 18. Dans sa précipitation, il perdit une grande bataille.

Il n’avait que trente-cinq mille hommes en ligne, et déjà désorganisés. L’ennemi en avait cinquante-deux mille, une armée reformée avec soin pendant l’hiver, toute d’anciens soldats, tandis qu’une bonne moitié de ceux, de Dumouriez n’étaient que des volontaires. Miranda voulait qu’on couvrît seulement Louvain, dans une position très forte. Là, l’armée se serait raffermie un moment, recrutée de ce qu’elle eût tiré de France. Il est vrai que dès lors Dumouriez eût dépendu de la Convention, au lieu de lui faire la loi.

Il avança jusqu’à Neerwinde et trouva les Autrichiens dans une position dominante, analogue à celle de Jemmapes, moins concentrée toutefois. Leur front s’étendait sur près de deux lieues. Dumouriez s’étendit de même ; mais, pour une armée plus faible, s’étendre, c’était s’éparpiller, laisser de vastes ouvertures ; les corps ne pouvaient guère manquer d’être isolés les uns des autres. Comme à Jemmapes, Dumouriez avait donné le centre à son pupille, le jeune Égalité ; son homme, le général Valence, avait la droite, Miranda la gauche.

De grandes difficultés naturelles séparaient celui-ci de l’ennemi ; il lui fallait traverser un terrain coupé qui lui permettait peu de mouvoir librement ses troupes ; une artillerie formidable de batteries croisées le foudroyait des hauteurs. Ce qui suffirait pour faire croire que Miranda avait en tête la grande force