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que l’on aurait crue de Brunswick ou de Cobourg.

Il était parti ennemi en janvier, et la trahison dans le cœur. Lui-même il dit que dès lors il était décidé à émigrer. De là son intrigue avec les agents hollandais, anglais, son audacieuse tentative de se porter médiateur, de régler avec l’étranger les affaires de la France, intrigue déjouée fort à propos par la mesure sage et forte de la Gironde de faire déclarer la guerre à l’Angleterre, sans faire la moindre attention aux beaux discours de Dumouriez.

La coalition vit alors ce qui était vrai, c’est qu’il n’avait aucun crédit en France, que personne ne se fiait à lui. On l’acceptait, on le soutenait, comme un aventurier habile et heureux ; voilà tout. Il l’avoue dans ses Mémoires : « Je n’avais, dit-il, personne pour moi, dans la Convention. »

Il était brouillé avec tous les partis :

Mal avec les Girondins, qui lui donnaient ce soufflet de la déclaration de guerre à l’Angleterre ;

Mal avec les Jacobins, qui le croyaient royaliste, et avec raison ;

Mal avec les royalistes, à qui il avait fait croire qu’il pourrait sauver le roi.

Il n’était même pas bien avec Danton et ses amis, qui, par deux fois proposèrent la réunion de la Belgique à la France, la mesure qui renversait tous les plans de Dumouriez.

Il ne lui restait nulle liaison sérieuse qu’avec les Orléanistes.