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C’étaient pourtant la plupart des négociants que rappelaient leurs affaires ; ils étaient partis pour quinze jours et restèrent trois mois. Il fallut bien, à la longue, les laisser partir, comme ceux du Finistère, que d’autres dangers rappelaient chez eux.

Toutes les administrations, en détresse, criaient au secours. De Nantes, d’Angers, des Sables, de toutes les villes, le ministre de la guerre recevait lettres sur lettres, les prières du désespoir. À peine répondait-il. Le général La Bourdonnais, qui avait le commandement général des côtes, alla jusqu’à accuser le ministre auprès de la Convention. Celui-ci, forcé de répondre, écrivait au général : « Mais que voulez-vous que je fasse ? Comment vous envoyer des troupes ? Comment puis-je ôter un homme à Custine qui bat en retraite ? Comment affaiblir Dumouriez ?… Je vous enverrai cinq cents hommes, les vainqueurs de la Bastille. »

Triste aveu, secours dérisoire. Les patriotes de l’Ouest étaient perdus certainement, s’ils ne se sauvaient eux-mêmes. Leur élan fut admirable (spécialement dans plusieurs des villes de Bretagne), au niveau du fanatisme des chouans, des Vendéens. Elles donnaient toutes au delà de leur contingent. Dol devait seize hommes, et elle en fournit trente-quatre, les autres à proportion. Les sacrifices de Nantes furent illimités. Coupée de toutes parts et sans communications, devenue une île, au milieu d’une mer de troubles, d’incendies, d’assassinats, voyant les feux s’élever de quatre départements,