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c’était tout ce qu’on pouvait faire. Les municipalités n’osaient leur demander davantage. Ainsi ils changeaient sans cesse. À peine commençaient-ils à savoir manier une arme qu’ils partaient ; d’autres venaient tremblants et novices.

Voilà ce que nous lisons dans les aveux désespérés que faisaient les militaires aux autorités, et qui, heureusement pour l’histoire, nous ont été conservés. On ne comprendrait pas autrement comment les mêmes pays se sont trouvés tout à la fois les plus vaillants et les plus lâches de la République. N’est-ce pas des mêmes contrées qui fournissaient ces fuyards, invariablement battus, que sortirent tant d’admirables légions républicaines, spécialement celle de Beaurepaire, l’immortel bataillon de Maine-et-Loire ?

En réalité, les premières forces organisées qui parurent dans la Vendée n’arrivèrent qu’à la fin de mai. Le pays était insurgé depuis à peu près trois mois.

Le seul combat sérieux qu’il y eut en mars eut lieu le 19, dans la basse Vendée, entre Chantonnay et Saint-Vincent.

Un certain Gaston Bourdic, perruquier breton (les perruquiers, on l’a vu, étaient la fleur du royalisme), avait entraîné une cinquantaine de jeunes gens qui ne voulaient pas partir. Ils traversèrent la basse Vendée, et sur la route toute la foule des campagnes se mit avec eux. La masse, grossissant toujours, enleva un poste. L’officier fut tué ; Gaston endossa son habit et, sans autre formalité, se fit général.