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près de Montaigu. De là, nous l’avons déjà dit, par les Sœurs de la sagesse et autres dévots émissaires, s’étendait par le pays cette publicité mystérieuse de fausses nouvelles et de faux miracles, qui, circulant sans contrôle dans ces populations dispersées, pouvait faire activement fermenter l’imagination solitaire, préparer l’explosion.

Entre Angers et Saint-Laurent, à moitié chemin, près de Beaupréau, se trouvait au village du Pin-en-Mauges l’homme qui joua le premier rôle dans l’insurrection. Cathelineau était sacristain de sa paroisse, il appartenait au clergé ; et le premier usage qu’il fît de ses succès, ce fut, comme on verra, de placer l’insurrection victorieuse dans la main des prêtres, d’exiger la création d’un conseil supérieur où les prêtres dominaient les nobles. Un mauvais prêtre, mais capable, Bernier, un curé d’Angers, gouverna bientôt ce conseil.

Le clergé, ce grand mineur, en poussant sous la terre ses voies ténébreuses, est attentif à effacer sa trace. Il n’a pas tenu à lui qu’on ne crût le mouvement tout spontané, inspiré et venu d’en haut. Artiste habile, il a montré l’œuvre, caché les moyens. On ne sait rien ou presque rien de ses agents, de son homme, Cathelineau. Trois mois de sa vie sont connus, du 12 mars où il prit les armes au 9 juin où il fut frappé à mort, à l’attaque de Nantes.

Rien n’indiquait qu’il dût jouer un rôle si important. C’était un homme d’une figure intelligente, mais sans élévation remarquable, une bonne et