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terre trempée du sang des siens, trente mille hommes qui survivaient, la plupart blessés, mutilés, vinrent là, sous leurs cheveux blancs, sur leurs bâtons, leurs béquilles, au bras de leurs petits-fils, voir encore, avant de mourir, la fille de Louis XVI… Ces pauvres gens tombèrent face contre terre, les yeux pleins de larmes… À travers les larmes, ils regardent… Madame avait les yeux secs ; elle n’avait pu prendre sur elle de pardonner à la France, et pas même à la Vendée… Ils se relevèrent bien tristes, le cœur flétri et amer. La République était vengée… Depuis ce jour, la Vendée appartient à la Patrie.

Le centre politique des prêtres dans l’Ouest, le foyer principal de leurs intrigues, était la ville d’Angers. Là se trouvaient réunis tous ceux qui, dans Maine-et-Loire, avaient refusé le serment. Soumis à la surveillance d’une ville très patriote, inquiets et impatients, ils avaient besoin de la guerre civile. Elle devait avoir pour effet de précipiter sur les villes les masses ignorantes des campagnes soumises à leur influence. J’ai parlé de leur fatale lettre qui, plus qu’aucune autre chose, dut confirmer Louis XVI dans la résistance, et par là indirectement servit à briser le trône. Ils provoquaient la guerre en haut, ils la provoquaient en bas. Leur active propagande s’étendait au nord, chez les chouans du Maine, au midi dans la Vendée.

La propagande fanatique qui travaillait les Vendéens avait son centre à Saint-Laurent-sur-Sèvre,