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Et la Vendée, tant démocratique qu’elle ait pu être dans la forme, fut ivre de la Discorde.

Elle professa hardiment qu’elle représentait la discorde antique, les droits opposés des provinces et le vieux chaos.

Ce chaos et cette discorde, qu’auraient-ils été contre la coalition du monde ? Rien que la mort de la France.

La discorde vendéenne, c’est la mort nationale. Cela dit, tout est jugé. Nous tenons d’en haut le fil ; nous savons où est le droit. Nous pouvons maintenant raconter ; justement, impartialement, nous dirons ce que firent les uns et les autres, et rendons pleine justice au grand cœur de nos ennemis… Ennemis ? Non, c’est la France encore. La coalition, frappée de la bravoure républicaine, n’a pas été moins effrayée de celle des Vendéens.

Cette France égarée de l’Ouest a ouvert les yeux enfin ; elle a vu, bien tard, il est vrai, qu’elle s’était battue pour rien, — que dis-je ? pour faire triompher ses véritables ennemis. Charette est mort désespéré, et, mourant, il a lancé le dernier cri de la Vendée, son douloureux anathème. Combien plus en 1815 fut-elle éclairée, quand elle vit rentrer les Bourbons avec ces prudents héros qui ne se hasardèrent en France que derrière un million d’hommes, et qui, pour remerciement, redemandèrent en rentrant leurs droits seigneuriaux aux paysans qui s’étaient fait tailler en pièces pour eux ! La scène fut grande, à Auray, quand Madame, visitant cette