Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/399

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le trésor était à sec. Nous avions, au 1er  février, pour solder la guerre universelle, trente millions en papier. Le milliard voté n’était pas levé. Au fond de la caisse, on mit la Terreur.

Qu’envoyer à Lyon ? Rien. En Vendée, en Bretagne ? Rien. En Belgique ? Rien. À Mayence ? Rien.

Une force restait à la France, la justice révolutionnaire. Il n’en coûta qu’un décret et une feuille de papier.

Plus, le cœur de la France même. La mort des fondateurs de la République, des meilleurs amis de la Patrie, la tête de Danton, de Vergniaud, le sang de ceux qui votèrent et de ceux qui refusèrent, de ceux qui représentèrent la protestation de la Loi et de ceux qui furent la Nécessité.

Nécessité, fatalité !… Ce qui fut libre en 1792, avant les journées de septembre, fut fatal en 1793.

Ce même dimanche, 10 mars, à l’heure où la Convention instituait à Paris son tribunal révolutionnaire, les insurgés royalistes installèrent le leur à Machecoul, entre la Loire-Inférieure et le Marais vendéen. Le massacre, commencé le matin par les paysans insurgés, fut régularisé le soir par un comité d’honnêtes gens, qui fît périr, en six semaines, cinq cent quarante-deux patriotes.