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tout semblable aux plus beaux moments de 1792. Seulement il y eut ici moins d’élan que d’héroïsme voulu, moins de jeunesse et d’espérance.

Maintenant quelle était la pensée des meneurs révolutionnaires ? Comment entendaient-ils profiter de ce mouvement pour tirer de la Convention les mesures fortes et terribles que réclamait le danger public ? C’est ce qu’il faut examiner.

La pensée de la Montagne, la pensée de la Commune, ici tout à fait identique, fut que la France était perdue si la Convention ne sortait de son système timide de légalité, si elle ne concentrait tous les pouvoirs dans sa main, y compris le pouvoir judiciaire, qu’elle exercerait par un tribunal à elle, siégeant à Paris, sous ses yeux, au cœur même de la Révolution.

Cette opinion avait été exprimée d’abord par les Girondins eux-mêmes. Ils avaient avoué plus d’une fois qu’au milieu de l’immense conspiration royaliste où la Révolution était comme enveloppée, il fallait un tribunal spécial, une action rapide, efficace, un Tribunal révolutionnaire. Les tribunaux ordinaires n’avaient aucune action ; ils faisaient la dérision des ennemis publics. Lorsqu’ils renvoyèrent absous un contre-révolutionnaire déclaré, un homme de Louis XVI, Lacoste, ministre de la marine, Buzot déplora cet acquittement, avouant qu’en vérité, avec cette faiblesse et cette impuissance, c’en était fait de la Révolution.

D’autre part, les Girondins, par une noble inconsé-