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du pouvoir exécutif, qui alors était le roi, en haine de toute action. De sorte que chaque fois qu’on voulait agir, faire un pas, on heurtait infailliblement, on rencontrait une pierre… Cette pierre, c’était la loi.

Et à côté de la borne, pour empêcher de la franchir, on trouvait la résistance éloquente, sincère, et d’autant plus obstinée, des enthousiastes amis de la loi, des avocats girondins. « Périssons légalement ! » c’était toute leur recette, tout le secours, le réconfort qu’ils donnaient à la France.

Les lois de 1791, à peine modifiées en 1792, faites pour un autre temps, je dirais presque pour un autre siècle, méritaient-elles ce sacrifice et ce fanatisme ? On pouvait vraiment en douter.

La Gironde était le véritable obstacle de la situation. Elle le devint surtout lorsque, dans la crise même, lorsqu’une heure, une minute de retard pouvait tout perdre, la presse girondine nia le danger, soutint qu’on exagérait nos revers, entrava, autant qu’il était en elle, le salutaire élan du peuple.

Tel fut le déplorable état où Danton, arrivant de Belgique, trouva Paris et la Convention.

Le 8 au matin, la glace est cassée. Danton et Lacroix, commissaires de Belgique, entrent dans l’Assemblée. Lacroix, comme militaire, prend le premier la parole, accuse le ministre Beurnonville de cacher les choses ; il a tout vu ; l’Assemblée veut-elle qu’on publie les détails ? — Oui. — Il fait