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monde, que le cri dissonant des Belges, qui ne pouvaient s’entendre entre eux, prévalût sur l’unanimité de trente peuples, qui, du fond de leur esclavage, appelaient la France !

Le décret du 15 décembre, cette puissante machine d’action, n’est lancé qu’au moment où Dumouriez signifie qu’il n’agira plus. On proclame la croisade révolutionnaire, l’appel universel aux peuples, et Dumouriez rentre dans ses quartiers d’hiver (12 décembre).

Cet homme, beaucoup trop fin, croyait tromper tout le monde. Il écrivait de tous côtés mémoires sur mémoires, mensongers, fallacieux. Sa vanité de diplomate aveuglait complètement sa prudence politique. Il s’imaginait avoir endormi la Prusse par ses mémoires adressés au roi, à Brunswick. Après Jemmapes, au moment d’entrer en triomphe à Bruxelles, que fait-il ? Il écrit, sous main, à l’Autrichien Metternich qu’il ne prend rien que pour rendre, que les Pays-Bas restitués à l’Autriche pourront devenir le gage d’une solide amitié. Plus tard, au moment d’envahir la Hollande, il prend un moyen indirect de négocier avec les Anglais. Tous font semblant de croire ; tous l’amusent et se préparent… Il va être tout à l’heure surpris, forcé, honteusement balayé de la Belgique.

Rien n’honore plus la Révolution, la candeur, la sincérité des partis révolutionnaires, que l’injurieux tableau qu’en fait Dumouriez. Nous l’avons vu à Paris, il négocia avec tous, fut mal accueilli de tous.