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Il était entre moi et Custine. Je l’aurais mis derrière moi ; j’aurais compromis mon armée… »

Oui, mais en n’avançant pas, vous compromettiez la Belgique elle-même, l’événement l’a prouvé. En ne secondant pas Custine, vous compromettiez nos amis du Rhin, qui s’étaient compromis et perdus pour nous. — Vous dites que vous fûtes lâche, et je n’en crois rien.

« Qu’aurais-je fait ? dit-il encore, je n’avais ni vivres ni fourrages ; mes chevaux mouraient de faim. On ne m’envoyait rien de France. » On voit cependant par un autre passage des mêmes Mémoires qu’on envoyait au moins la solde. On ne pouvait rien de plus.

Mais c’est justement ici qu’est le fond de la dispute, ici que Dumouriez est pris en flagrant délit.

Il était bien entendu qu’il n’avait aucun moyen d’agir et d’aller en avant, s’il ne mettait une main forte sur la Belgique, s’il n’empoignait la Belgique comme une arme pour délivrer l’Allemagne. La Belgique devait être pour lui l’instrument de la guerre, en fournir tous les moyens. Il devait, comme avant-garde, pousser devant lui la vaillante et patriote population de Liège, qui ne demandait pas mieux. Et pour le Brabant, les Flandres, il devait y organiser la révolution, de sorte que tous les biens des prêtres, des nobles émigrés, des créatures de l’Autriche, hypothéquant l’assignat, alimentassent l’armée de la délivrance commune.

« Et de quel droit, dira-t-on, disposer des res-