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annula notre conquête de Belgique et s’y prit si bien que, quand l’ennemi se présenta, le pays était déjà perdu pour nous.

Le contre-coup fut tel que la France, au même moment frappée dans le dos du poignard de la Vendée, n’échappa qu’en se contractant, en pratiquant sur elle-même l’effroyable opération de la Terreur, qui la sauva pour un moment, la perdit dans l’avenir, et en même temps les libertés du monde pour un demi-siècle.

La Belgique ne devait être qu’un passage pour Dumouriez. L’armée, en y arrivant, tout émue de sa victoire, jeune, enflammée d’espérance, croyait marcher vers le Rhin. Le général l’avait dit lui-même. « Je serai le 20 novembre à Liège, le 30 à Cologne. » Il ne dépassa pas Aix-la-Chapelle, et le 12 novembre, quoi qu’on pût lui dire, il prit ses quartiers d’hiver.

Custine, qui avait perdu Francfort, mais qui était toujours dans Mayence, lui écrivait lettres sur lettres pour obtenir qu’il se mît en mouvement. Le conseil exécutif (où les Girondins dominaient alors) lui en donnait l’ordre précis. Pour mieux l’encourager, on avait mis l’armée de Moselle (intermédiaire entre Dumouriez et Custine) sous le commandement de Beurnonville, ami de Dumouriez. Rien n’agit sur lui, il déclara qu’il donnerait sa démission plutôt que faire un pas.

« Que pouvais-je ? dit-il dans ses Mémoires. On avait laissé l’ennemi s’établir dans le Luxembourg.