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avec une fédération d’éléments hétérogènes et discordants, comme est l’Amérique du Nord.

Mais il faut aller plus avant. Jamais Brissot, ni alors, ni depuis, n’a songé à une fédération.

Son plan de 1789 doit être jugé uniquement au point de vue de 1789. Contre le roi, contre une assemblée royaliste, où voulez-vous que Brissot prenne le levier de la République ? Dans Paris seul et dans le droit qu’il attribue à la cité de s’organiser elle-même.

Paris organisé ainsi, les autres villes suivront ; il l’entend ainsi et le dit lui-même. Hors de Paris, où pouvait-il trouver les éléments de la force républicaine ? Nulle autre part que dans le grand fait du jour, ces fédérations de villes qui s’organisaient de tous côtés.

Le mot de Brissot, tant attaqué, était le mot nécessaire en 1789, le mot de la circonstance, du salut public : Paris organisé par Paris, puis nos grandes fédérations s’organisant à l’imitation de Paris. Avec cela seul, malgré le roi et l’Assemblée, la France entière, emportée d’un même tourbillon, allait graviter vers la République.

C’était une chose injuste de représenter sans cesse un mot de situation, un mot daté d’une date précise, d’une circonstance spéciale, comme l’immuable théorie de celui qui l’avait lâché.

On n’a rien dit de plus fort sur l’unité de la patrie, sur l’indivisibilité de la République, que ce qu’ont dit mille fois les orateurs de la Gironde. Ils