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CHAPITRE XIII

L’EXÉCUTION DE LOUIS XVI (21 JANVIER 1793).


Intérêt que le roi inspire à ses gardiens. — Changement de la reine à son égard. — Elle devient passionnée pour lui. — Le roi épuré par le malheur, sans pouvoir l’être du vice essentiel à la royauté. — Il remet sa conscience aux prêtres réfractaires. — On lui fait croire qu’il est un saint — Exécution du roi — Son confesseur l’assimile au Christ. — Violente douleur pour la mort de Louis XVI. — Fureur de la Montagne contre la Gironde. — Danton réclame l’union. — Jugement sur le jugement.


Le danger était très réel, et ce n’était pas la Gironde, ce n’était même pas le royalisme, les quatre ou cinq cents royalistes qui auraient entrepris d’enlever le roi du milieu d’une armée. Le danger, c’était la pitié publique.

Le danger, c’étaient les femmes sans armes, mais gémissantes, en pleurs, c’était une foule d’hommes émus, dans la garde nationale et dans le peuple. Si Louis XVI avait été coupable, on s’en souvenait à peine ; on ne voyait que son malheur. Dans sa captivité de plusieurs mois, il avait converti, attendri, gagné presque tous ceux qui l’avaient vu au Temple, gardes nationaux, officiers municipaux, la Commune elle-même. La veille de l’exécution,