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entrer dans ses jugements !… Je voterais la guerre à l’Espagne !… Répondez-lui, président, que les vainqueurs de Jemmapes ne se démentiront pas, qu’ils retrouveront les mêmes forces pour exterminer tous les rois… »

La Gironde demanda, obtint que, sans lire la lettre, on passât à l’ordre du jour.

Les défenseurs de Louis demandaient à être entendus avant le dépouillement du scrutin. Danton y consentait. Robespierre s’y opposa.

Un député de la Haute-Garonne, Jean Mailhe, Montagnard, mais modéré, avait exprimé un vote qui influa sur les autres et rallia spécialement beaucoup d’hommes de la droite et du centre. Il vota la mort, ajoutant cette proposition, qu’il déclarait lui-même indépendante de son vote : « Je demande, si la mort est votée, que l’Assemblée discutes s’il est de l’intérêt public que l’exécution soit immédiate ou soit différée. »

L’effet fut très fatal au roi, il était aisé de le prévoir. Faut-il croire que ceux qui votèrent ainsi, comme Vergniaud, ignoraient les conséquences de leur vote, qu’ils furent assez simples pour ne pas prévoir une chose tellement naturelle et possible ? Qui osera le dire ? Chacun d’eux spécifia expressément, comme Mailhe, que son vote pour la mort était positif, indépendant de la question discutable du sursis.

Il y eut pour la mort trois cent quatre-vingt-sept voix. Et pour la détention ou la mort conditionnelle