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preuve pour affirmer qu’il y ait eu ni peur ni faiblesse dans ceux qui votèrent le bannissement, la réclusion, l’appel au peuple ou la mort avec sursis.

Je suis seul ici, je le sais ; les historiens sont contre moi. Que m’importe ! l’histoire est pour moi. Je n’entends par ce mot, histoire, rien autre chose que les actes du temps, les témoignages sérieux.

Les royalistes ont fondé cette tradition honteuse, que tous ont suivie.

Habitués à livrer la France, ils ont fait aussi bon marché de l’honneur que du territoire ; ils ont soutenu hardiment que la Convention a eu peur, les uns votant la mort parce qu’ils avaient peur du peuple, les autres votant la vie parce qu’ils craignaient la vengeance des royalistes, le retour des émigrés.

Le plus curieux à observer, c’est que l’objet principal de la fureur des royalistes, c’est justement le parti qui sauvait le roi. Robespierre leur déplaît moins. Leur indulgence pour les Jacobins a été même au delà ; ils ont baisé la main du féroce duc d’Otrante ; il s’agissait alors, il est vrai, de capter l’homme puissant, de ravoir les biens non vendus.

Pour la Gironde, ils n’ont pas eu assez de paroles furieuses, d’imprécations. C’est le trophée des Girondins, leur couronne et leur laurier.

Ceux-ci ont bien mérité une telle haine. C’est la presse girondine qui a fondé la République. Les Jacobins avaient le tort de croire, même en 1791, que la question de monarchie et de république est