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cependant se défendre qu’à grand’peine en présence d’un monde nouveau qui déjà connaissait peu cette antiquité de cinq mois et ne voulait pas la comprendre. Lorsque Guadet dit, pour se défendre : « D’après l’impression fâcheuse qu’avait laissée le 20 juin, on pouvait douter du 10 août… », il y eut, à la gauche, un soulèvement d’indignation, comme si chacun eût voulu dire : « Vous avez douté du peuple !… vous n’avez pas eu la foi ! »

La Convention passa à l’ordre du jour et témoigna peu après sa haute estime à Vergniaud en le nommant président. Elle prit dans la Gironde les secrétaires et tout le nouveau comité de surveillance. Elle repoussa les accusations de la Commune contre Roland. Elle accueillit les adresses du Finistère et de la Haute-Loire ; la première demandait qu’on chassât Marat, Robespierre et Danton ; la seconde offrait une force pour escorter la Convention, l’aider à sortir de Paris. Dangereuses propositions, que beaucoup croyaient royalistes sous le masque girondin, mais que semblait motiver la situation, chaque jour plus critique, de la Convention dans Paris. La fureur, feinte ou simulée, des tribunes, qui sans cesse interrompaient, les outrages personnels aux représentants, la violence surtout des cris, des pamphlets, avaient lassé toute patience. Les Montagnards les plus honnêtes étaient indignés autant que la droite ; Rewbell demanda que du moins on chassât les colporteurs qui, dans la Convention même, venaient vendre leurs libelles