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qui n’eut rien d’officiel ; il avoue lui-même que son maître n’a pas dicté cette démarche et demande le temps de lui envoyer un courrier pour qu’il intervienne.

L’Empereur, neveu de la reine, n’intervint pas davantage.

L’Angleterre avait vu joyeusement la ruine de Louis XVI, qui la vengeait de la guerre d’Amérique ; elle se plut à voir la France s’enfoncer dans ce qui semblait un crime.

La Russie vit avec bonheur la France lui donner un texte sur les horreurs de l’anarchie, qui l’autorisât contre la Pologne et les Jacobins polonais.

Je ne vois pas, au reste, que les frères de Louis XVI aient demandé en sa faveur aucune intervention des puissances. Sa mort les servait directement. Monsieur ne perdit pas une minute pour se faire proclamer par l’Empereur régent de France, et le comte d’Artois ne tarda pas à tirer de Monsieur le titre de lieutenant général du royaume. Calonne régna paisiblement et d’une manière si absolue qu’il remplit d’émigrés français, rebelles à son autorité, les prisons de l’Électeur de Trêves et autres bastilles du Rhin.

Nous le répétons encore, la Montagne se trompa. La mort du roi n’eut nullement l’effet qu’elle supposait. Elle mit l’opinion générale contre la France, dans toute l’Europe. Frappant sans convaincre le monde qu’elle avait droit de frapper, elle oubliait que la Justice n’est exemplaire, efficace, qu’autant