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Nous ne citerons rien autre chose que la sombre prophétie qui termine le discours :

« J’aime trop la gloire de mon pays pour proposer à la Convention de se laisser influencer dans une occasion si solennelle par la considération de ce que feront ou ne feront pas les puissances étrangères. Cependant, à force d’entendre dire que nous agissons dans ce jugement comme pouvoir politique, j’ai pensé qu’il ne serait contraire ni à votre dignité ni à la raison de parler un instant politique. Si la condamnation de Louis XVI n’est pas la cause d’une nouvelle déclaration de guerre, il est certain du moins que sa mort en sera le prétexte. Vous vaincrez ces nombreux ennemis, je le crois ; mais quelle reconnaissance vous devra la patrie pour avoir fait couler des flots de sang et pour avoir exercé en son nom un acte de vengeance devenu la cause de tant de calamités ? Oserez-vous lui vanter vos victoires ? J’éloigne la pensée des revers. Mais par le cours des événements, même les plus prospères, elle sera épuisée par ses succès. Craignez qu’au milieu de ses triomphes la France ne ressemble à ces monuments fameux qui, dans l’Égypte, ont vaincu le temps. L’étranger qui passe s’étonne de leur grandeur ; s’il veut y pénétrer, qu’y trouve-t-il ? Des cendres inanimées et le silence des tombeaux ..... ............................

« N’entendez-vous pas tous les jours dans cette enceinte et dehors des hommes crier avec fureur : « Si le pain est cher, la cause en est au Temple ;