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pirateurs du 10 août ?… » Une tempête s’éleva, effroyable, à ces paroles ; et il expliqua sa pensée en disant « qu’il y avait de saintes conspirations », etc.

Saintes ? Mais pourquoi le sont-elles ? Parce qu’elles sont le retour au droit ; le vrai maître rentre chez lui, chasse l’intrus, le prétendu maître. Entre le peuple qui est tout et le roi qui se crut tout, qui sera arbitre ? Où voulez-vous trouver un juge qui ne soit le peuple même ? « À qui en appeler ? dit très bien quelqu’un : aux planètes, apparemment ? »

Le roi, dit Lanjuinais, sera donc jugé par l’insurrection ? — Eh ! sans doute. Comment voulez-vous qu’il puisse en être autrement ? Celui qui a confisqué dans une main d’homme toute la puissance publique, l’âme d’un peuple et son genius, pour dire comme l’Antiquité, celui qui est constitué un dieu contre Dieu, il ne peut guère attendre les ménagements de l’homme. Il s’est follement mis au-dessus, il faut qu’il tombe au-dessous. Il s’est prétendu infini ; infinie sera sa chute.

Quels sont les vrais régicides ? Ce sont ceux qui font les rois. Imaginez ce que c’est que d’imposer à une créature humaine cette responsabilité énorme, ce rôle insensé du génie d’un peuple… L’imposer à qui ? À celui qui, par l’effet seul de cette situation impossible, par suite du tiraillement, du vertige infini qui en est inséparable, deviendra moins qu’homme !…

Les faits parlent assez haut. Le bon sens avance. On ne pourra plus trouver dans quelque temps