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armées dans les mains des généraux orléanistes (Dumouriez, Biron, Valence).

Buzot et Louvet étaient les organes ordinaires, non de la Gironde en général, mais de la fraction Roland.

Ils ne trouvèrent aucun appui dans les autres Girondins. Brissot crut inopportune une attaque qu’on ne pouvait pousser à fond sans y comprendre Dumouriez, le général heureux, l’homme indispensable pour la grande affaire de la Belgique. Pétion et d’autres, Girondins ou neutres, Barère par exemple, avaient une raison personnelle de ménager la maison d’Orléans, étant fort liés avec Mme de Genlis. Les femmes de cette maison semblaient s’être divisé l’œuvre de corruption. Mme de Genlis, par elle, et son mari, Sillery, influaient sur la Gironde. Mme de Buffon, maîtresse du prince, avait, dit-on, influence sur Danton, et partant sur la Montagne, où siégeait le prince lui-même.

La proposition d’expulsion, faite par les rolandistes seuls (non par tous les Girondins), eut l’aspect d’un acte d’hostilité personnelle. La Montagne y répondit par une représaille personnelle aussi : « Il faut expulser Roland. » — Et ils faisaient entendre qu’on avait également à craindre que Roland ne devînt roi !

Réponse vraiment ridicule, propre à faire douter de la sincérité de ceux qui pouvaient la faire. Roland, avec sa vertu et le génie de sa femme, n’était nullement une puissance, nullement un parti ; il y paraissait très bien à ce moment où la Gironde