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cussion, s’était déclaré, aux Jacobins, l’ennemi de la philosophie immorale, irréligieuse du dix-huitième siècle. Il avait proposé à la société de proscrire cette philosophie, aussi bien que la corruption politique. Un membre ayant demandé qu’on brisât le buste de Mirabeau, Robespierre proposa aussi de briser celui d’Helvétius. « Un intrigant, dit-il, un misérable bel esprit, un persécuteur de ce bon Jean-Jacques… Helvétius eût augmenté la foule des intrigants qui désolent la patrie… » On dressa à l’instant des échelles, on descendit les deux bustes ; ils furent brisés, foulés aux pieds, et leurs couronnes brûlées avec grand applaudissement.

Les Girondins ayant, comme on a vu, défendu, mis sous leur patronage politique la philosophie du dix-huitième siècle (sans bien distinguer les nuances si diverses de cette philosophie), un coup, sur Helvétius semblait porter sur la Gironde.

On a vu combien ce parti flottant avait peu d’unité d’esprit, et l’on a pu deviner qu’il était incapable de formuler une foi simple, identique. C’est le reproche le plus grave qu’on eût pu faire au plan de Condorcet, au projet spécial de Lanthenas et des Roland. On n’y sent nulle part la force d’une grande idée morale, l’autorité de la foi. Condorcet y prétend que l’étude des sciences physiques et mathématiques doit être antérieure, supérieure à l’étude des sciences morales, ne s’apercevant pas que les mathématiques ne sont qu’un instrument, une méthode, un procédé, qu’elles ne donnent rien pour la substance que l’édu-