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dans l’opinion. Quand on lui rappela, par exemple, les millions qu’il avait donnés pour acheter des consciences, il répondit froidement : « Je n’avais pas de plus grand plaisir que de donner à ceux qui en avaient besoin. »

Il assura n’avoir jamais eu connaissance d’un seul projet de contre-révolution.

Sur les lettres, actes et mémoires contre-révolutionnaires qu’on lui représenta datés et annotés de sa main, sa réponse fut toujours la même : « Je ne les reconnais pas. »

Cette triste manière de chicaner sa vie par des mensonges évidents était de nature à diminuer l’intérêt. Cependant la force de la situation, le caractère terrible de la tragédie domina, fit oublier les misères de la défense. Tous furent émus, ceux même qui s’étaient le plus déclarés contre lui et le menaient à la mort.

« Au sortir de la Convention, Louis étant dans la salle des conférences, comme il était près de cinq heures, le maire lui demanda s’il voulait prendre quelque chose. Il répondit : « Non. » Mais, un instant après, voyant un grenadier tirer un pain de sa poche et en donner la moitié à Chaumette, Louis s’approcha de celui-ci pour lui en demander un morceau. Chaumette, en se reculant : « Demandez tout haut ce que vous voulez, Monsieur. — Capet reprit : « Je vous demande un morceau de votre pain. — Volontiers, dit Chaumette ; tenez, rompez, c’est un déjeuner de Spartiate. Si j’avais une