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mort… On saura s’il y a des royalistes dans cette Assemblée. » — Grand tumulte, la Montagne demande qu’on réserve le droit du peuple, celui des assemblées primaires. — Et la Gironde s’écrie : « Vous êtes donc royalistes ? » — L’Assemblée, par acclamation, vote la proposition de Buzot ; mais elle accorde à la Montagne que le roi soit jugé sans désemparer. Robespierre voulait qu’il ne fût pas même entendu. Buzot demanda, obtint qu’on le laissât parler, au moins pour nommer ses complices.

La Montagne, le 4 décembre, attestait ainsi le pouvoir suprême du peuple dans les assemblées primaires, son droit absolu en toute question, et même contre la République, ce qui impliquait cette absurdité que le peuple avait le droit de se renier, de s’abdiquer, se suicider et ne plus être le peuple.

Pitié pour la nature humaine, pour le vertige effroyable d’une tempête où toute tête d’homme tournait à son tour !… Cette thèse dangereuse du droit illimité du peuple, la Gironde la reprend, le 9, dans une autre question. Mais alors la Montagne n’a pas même souvenir de son absurdité du 4, elle devient raisonnable et repousse la théorie qu’elle a posée cinq jours avant.

Il s’agissait cette fois du très funeste principe dont mourut la Convention, et qui, dès sa naissance, avait été posé contre elle par Robespierre aux Jacobins, à savoir : Que le peuple garde le droit de révoquer ses députés avant la fin de leur mandat,