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rendre la révolution universelle. Louis XVI est très utile pour démontrer à tous la nécessité des révolutions. »

Que la forme fût bizarre ou non, le fond de cet avis était la sagesse même. Il fallait faire du procès du roi celui de la royauté, le procès général des rois. Le seul peuple qui fût république, c’est-à-dire qui fût majeur, agissait pour tous les autres qui étaient mineurs encore, procédait contre les tuteurs infidèles qui les retenaient en minorité. En agrandissant ainsi le procès et le transportant dans une sphère supérieure, la France se plaçait bien haut elle-même ; elle siégeait comme juge dans la cause générale des peuples et méritait la reconnaissance du genre humain.

Ni la Montagne ni la Gironde ne semblent avoir compris ceci. L’une et l’autre laissèrent au procès un caractère individuel.

On pouvait douter s’il n’eût pas mieux valu ne pas commencer le procès. Mais, une fois décidé, il fallait y entrer franchement, vigoureusement, n’y mettre ni retard ni obstacle. C’est ce que ne fît point la Gironde. Elle se laissa traîner, elle se rendit suspecte. Elle chercha sur la route des diversions politiques. Elle fut si maladroite qu’elle finit par faire croire qu’elle était royaliste (ce qui était faux), qu’elle voulait blanchir le roi et l’innocenter (ce qui était faux). La défiance et l’esprit de contradiction allèrent augmentant ; une foule d’hommes, modérés d’abord, s’indignèrent à l’idée qu’on allait escamoter le cou-