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Voltaire, de Montesquieu, de Rousseau, parfois aussi l’utopie de Bernardin de Saint-Pierre, ont passé ici.

Dissidents sur tant de choses, les chefs de la Révolution sont parfaitement d’accord sur deux points essentiels : 1o rien d’utile que ce qui est juste ; 2o ce qu’il y a de plus sacré, c’est la vie humaine.

Lisez Adrien Duport, lisez Brissot et Condorcet, lisez Robespierre (à la Constituante), l’accord est complet, profond.

« Rendons l’homme respectable à l’homme. » Cette grande parole de Duport est aussi la pensée de Robespierre, dans son discours contre la peine de mort. Il veut du moins pour condamner que les jurés soient unanimes.

Brissot, avant 1789, avait publié un livre sur les Institutions criminelles, inspiré de l’esprit de Beccaria, de la douceur des quakers américains, qu’il venait de visiter.

Condorcet va plus loin dans ses derniers écrits. Esprit profondément humain, son propre danger ne fait qu’approfondir encore en lui l’humanité, la pitié, l’amour universel de la vie ; il émet ce vœu et cette espérance : que, grâce au progrès des sciences, l’homme en viendra dans l’avenir jusqu’à supprimer la mort.

L’homme, mais les animaux ? Ils mourront toujours ; leur mort est indispensable à la vie générale. Condorcet s’en attriste dans les dernières paroles qu’il a écrites. La mort restera une loi fatale du monde ; il ne s’en console pas.