Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Eh bien, la Convention en chassant aujourd’hui les fédérés, ne fait rien autre chose que préparer un 10 août contre elle-même. — Il parla ensuite de septembre avec une violente horreur, avoua l’affreuse mort du cœur dont tous avaient été saisis, lui, Cambon, comme les autres ; il regretta amèrement que la Législative n’eût tout prévenu, en s’emparant de la force municipale. « Et c’est encore, dit-il, par ces terreurs de septembre qu’on vient de dicter au ministre cette demande d’éloigner les fédérés, de désarmer la Convention… On dit que les méridionaux veulent fédéraliser la France. S’ils voulaient ce gouvernement, nous ne serions pas ici. S’ils le voulaient, ils l’auraient. Mais, tout au contraire, ils nous ont dit au départ, à nous députés du Midi : Nous voulons être Français, être un avec nos frères du Nord, et qu’il n’y ait qu’une France… Vos têtes en répondront… On a parlé de dictature, de Cromwell ; d’autres ont dit : On ne voit pas de Cromwell. Eh ! sans doute, on ne le voit pas. Mais qu’arrivera-t-il le jour où un ambitieux aura gagné des victoires et viendra vous dire : Faites-moi roi et vous serez plus heureux ?… Oui, voilà ce qu’on voudrait pouvoir dire, mais cela ne sera pas. Meurent les rois, les dictateurs, les protecteurs, les Cromwell ! »

D’un même coup, il avait frappé Dumouriez comme perfide, Robespierre comme impuissant.