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Plus on sondera cette époque, plus on cherchera sérieusement ce qui fut vraiment le fond général de l’inspiration populaire, plus on trouvera, en réalité, que ce ne fut nullement la vengeance, mais le sentiment profond de la justice outragée, contre l’insolent défi des tyrans, la légitime indignation du droit éternel.

Ah ! combien je voudrais pouvoir montrer la France dans ce grand et sublime jour ! C’est bien peu de voir Paris. Que je voudrais qu’on pût voir les départements du Gard, de la Haute-Saône, d’autres encore, debout tout entiers en huit jours et lançant chacun une armée pour aller à l’ennemi !

Les offrandes particulières étaient innombrables, plusieurs excessives. Deux hommes, à eux seuls, arment, montent, équipent chacun un escadron de cavalerie. Plusieurs donnèrent, sans réserve, tout ce qu’ils avaient. On vit dans un village, non loin de Paris, quand la tribune fut dressée pour recevoir les enrôlements et les offrandes, le village se donner lui-même, apporter la somme énorme de près de trois cent mille francs. Quand le paysan va jusqu’à donner son argent, son sang ne compte plus après, il le donne, il le prodigue. Des pères offraient tous leurs enfants, puis ils croyaient n’avoir pas fait assez encore, ils s’armaient, partaient eux-mêmes.

Les dons pleuvent à l’Assemblée au milieu même des scènes funèbres de septembre. Et pourquoi donc ces journées ne rappellent-elles qu’un seul