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l’étranger, ces prêtres conspirateurs qui, par le roi, par la Vendée, mettaient sous les pieds de la Révolution l’obstacle secret, perfide, où elle devait heurter, avec l’immense effusion de sang, qui n’est pas finie encore !… Les trois ou quatre cents ivrognes qui les massacrèrent ont fait, pour l’Ancien-Régime et contre la liberté, plus que toutes les armées des rois, plus que l’Angleterre elle-même avec tous les milliards qui ont soldé ces armées. Ils ont élevé, ces idiots, la montagne de sang qui a isolé la France et qui, dans son isolement, l’a forcée de chercher son salut dans les moyens de la Terreur. Ce sang d’un millier de coupables, ce crime de quelques centaines d’hommes a caché aux yeux de l’Europe l’immensité de la scène héroïque qui nous méritait alors l’admiration du monde.

Revienne donc enfin la justice, après tant d’années ! et que l’on avoue que chez toute nation, au fond de toute capitale, il y a toujours cette lie, toujours cette boue sanguinaire, l’élément lâche et stupide qui, dans les paniques surtout, comme fut le moment de septembre, devient très cruel. Même chose aurait eu lieu, et en Angleterre, et en Allemagne, chez tous les peuples de l’Europe ; leur histoire n’est pas stérile en massacres. Mais ce que l’histoire d’aucun peuple ne présente à ce degré, c’est l’étonnante éruption d’héroïsme, l’immense élan de dévouement et de sacrifices que présenta alors la France.