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Le président de l’Assemblée, Lacroix, fut très beau en ce moment. Devant cette foule furieuse ou ivre qui envahissait la salle, à cette heure sombre de la nuit, il parla avec la vigueur d’un ami de Danton. Lacroix était un ancien militaire, de forme athlétique, d’une stature colossale ; il dit avec une majesté calme : « Nous avons fait notre devoir… Si notre mort est une dernière preuve pour en persuader le peuple, il peut disposer de notre vie… Dites-le à nos commettants. » Les plus violents Jacobins, Choudieu et Bazire, parurent eux-mêmes indignés de ces menaces ; ils demandèrent, obtinrent l’ordre du jour.

Le 25 au soir, on guillotinait, au Carrousel, un pamphlétaire royaliste ; aux Tuileries, on s’occupait des apprêts d’une fête nationale, celle des morts du 10 août. Le bruit se répand dans l’Assemblée, dans Paris, que la place de Longwy s’est rendue aux Prussiens. Les volontaires des Ardennes et de la Côte-d’Or s’étaient montrés admirablement. Mais la malveillance avait annulé, caché tous les moyens de défense. Le commandant, au moment de l’attaque, était devenu introuvable. L’Assemblée reçut et lut la lettre même par laquelle les émigrés avaient décidé sa défection. La ville fut occupée par les étrangers « au nom de S. M. le roi de France ». La trahison était flagrante. On décréta à l’instant que tout citoyen qui, dans une place assiégée, parlerait de se rendre, serait puni de mort. Trente mille hommes durent être immédia-