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La Commune, sortie de la fureur du 10 août, n’était pas pour s’opposer à ces mouvements de vengeance. Elle prit, le matin du 11, une mesure vraiment sinistre. La prison de l’Abbaye, qui renfermait les officiers suisses, était fortement menacée, entourée de rassemblements ; malgré l’Assemblée nationale, qui, pour sauver les soldats, les envoyait au palais Bourbon, la Commune décida qu’ils iraient à l’Abbaye. Et cela fut fait.

Il y avait dans cette Commune des éléments très divers. Une partie, la meilleure, étaient des hommes simples, grossiers, naïvement colériques, qui n’étaient pas incapables de sentiments généreux ; malheureusement, ils suivirent jusqu’au bout la pensée brutale et stupide : En finir avec l’ennemi. Mais le meurtre ne finit rien. Les autres étaient des fanatiques, fanatiques d’abstractions, géomètres politiques, prêts à rogner par le fer ce qui dépassait la ligne précise du contour qu’ils s’étaient tracé au compas. Enfin, et c’était le pire élément, il y avait des bavards, des harangueurs étourdiment sanguinaires (de ce genre était Tallien), il y avait de méchants petits scribes, natures basses et aigres, irrémédiablement mauvaises, sans mélange et sans retour, parce qu’elles étaient légères, sèches, vides, de nulle consistance. Ces fouines, à museau pointu, propre à tremper dans le sang, se caractérisent par deux noms : l’un, Chaumette, étudiant en médecine et journaliste ; l’autre, Hébert, vendeur de contremarques à la porte des spectacles, qui rimait des chansonnettes avant de devenir