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montra beaucoup de prudence. Elle évita, par-dessus tout, le piège qu’on lui tendait en l’appelant au château. Quelques membres proposèrent que le roi vînt plutôt se réunir à l’Assemblée. La discussion, souvent interrompue, traîna jusqu’au matin ; les Girondins, rougissant à la longue de leur absence dans un tel moment, apparurent enfin ; à sept heures, Vergniaud occupa le fauteuil.

Et ce fut pour être obligé de saluer la formidable puissance qui s’était formée cette nuit, puissance inconnue, mystérieuse, au matin lancée du volcan, comme pour écraser l’Assemblée : la Commune du 10 août.

Un substitut du procureur de la Commune (ne serait-ce pas Danton ? il avait alors ce titre) entra avec deux officiers municipaux et notifia, sans préface, à l’Assemblée nationale, que le peuple souverain, réuni en sections, avait nommé des commissaires, qu’ils exerçaient tous les pouvoirs, et que, pour leur coup d’essai, ils avaient pris un arrêté pour suspendre le conseil général de la Commune.

Un membre de l’Assemblée proposa d’annuler tout, les commissaires et l’arrêté. Mais, à l’instant, un autre membre dit prudemment qu’insinuation valait mieux que violence, qu’en ce danger il était imprudent d’écarter des hommes utiles, qu’en tout cas, il fallait attendre des éclaircissements ultérieurs. — L’Assemblée résolut d’attendre, ce qui était le plus facile. Entre la victoire du royalisme et celle de l’anarchie, entre le château et la Commune, menacée