des Tuileries. Il se trouvait parmi eux plusieurs hommes très connus, très odieux, de violents écrivains royalistes désignés depuis longtemps à la haine publique, entre autres un abbé Boujon, auteur dramatique, et le journaliste Suleau, un jeune homme audacieux, l’un des plus furieux agents de l’aristocratie. Suleau et Théroigne se trouvèrent en face, la fureur et la fureur.
Suleau était personnellement haï de Théroigne, non seulement pour les plaisanteries dont il l’avait criblée dans les Actes des Apôtres, mais pour avoir publié à Bruxelles un des journaux qui écrasèrent la révolution des Pays-Bas et de Liège, le Tocsin des rois. L’infortunée ville de Liège, unanimement française, et qui, tout entière, jusqu’au dernier homme, vota sa réunion à la France, avait été libre deux ans, et elle venait de retomber sous l’ignoble tyrannie d’un prêtre par la violence de l’Autriche. Théroigne, à ce moment décisif, n’avait pas manqué à sa patrie. Mais elle fut suivie de Paris à Liège, arrêtée en arrivant par les Autrichiens, spécialement comme coupable de l’attentat du 6 octobre contre la reine de France, sœur de l’Autrichien Léopold. Menée à Vienne et relâchée à la longue, faute de preuves, elle revenait exaspérée, accusant surtout les agents de la reine qui l’auraient suivie, livrée. Elle écrivait son aventure, allait l’imprimer, et déjà elle en avait lu quelques pages aux Jacobins. Le violent génie du 10 août était dans Théroigne. C’était une femme audacieuse, galante, mais non pas une fille, comme