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soldée. La conduite très diverse de ce corps au massacre du Champ de Mars (une partie tira, une partie refusa) donna beaucoup à penser. En janvier, le ministre de la guerre, Narbonne, obtint qu’ils fussent assimilés aux troupes de ligne, cessassent de recevoir haute paye, ne fussent plus une troupe privilégiée. La plupart n’acceptèrent pas ce changement, restèrent ici à battre le pavé, attendant les événements, se mêlant aux groupes, soufflant la guerre et le combat, donnant leur assurance au peuple, lui communiquant l’esprit militaire. Une lettre écrite un an après par un de ces Gardes-françaises (depuis le général Hoche), adressée par lui à un journaliste, lettre fière, amère, irritée, peint à merveille cette jeunesse, l’esprit superbe qui était en elle, sa violente indignation contre tout obstacle. On dirait que la même plume écrivit en janvier 1792 l’éloquent Adieu des Gardes-françaises aux sections de Paris. Ces philippiques militaires sont pleines du génie colérique qui frappa le coup du 10 août.

Le matin, un de ces Gardes-françaises était sur la terrasse des Feuillants avec la fameuse amazone liégeoise, Théroigne de Méricourt. Elle était armée et allait combattre ; elle y alla en effet et s’y distingua jusqu’à mériter une couronne que lui décernèrent les vainqueurs. Il n’était encore que sept ou huit heures, une heure avant le combat. On amène sur la terrasse une fausse patrouille qu’on vient de saisir. C’étaient onze royalistes, armés d’espingoles, qui venaient de reconnaître les Champs-Élysées et tous les entours