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nécessités terribles qui commandaient, dans la crise, de donner et jeter l’argent. Ces négociations souterraines qu’exigeait le salut public n’étaient point vraiment de celles qu’on pût toujours expliquer, ramener à un compte net. Dans de tels moments de crise, l’argent coule, fuit, s’envole, on ne sait comment ; c’est le vif-argent qu’on met dans la main. Chaque ministre eut quatre cent mille francs pour dépenses secrètes. Danton seul employa les siens et sauva la patrie. Ce que lui coûta la négociation prussienne, et, d’autre part, le contre-complot de Bretagne, la trahison des traîtres, on ne peut le savoir ; mais quatre cent mille francs semblent peu en pareilles affaires. Les autres ministres ne dépensèrent rien, et aussi ne firent rien. Était-ce là le but ? Et n’étaient-ce pas eux plutôt qui avaient besoin d’amnistie ?

La troisième accusation est celle que Robespierre et ses amis ont infatigablement répétée. Danton, envoyé en Belgique, et saisissant, pour les besoins urgents de l’armée, l’argenterie des églises et beaucoup d’objets précieux, se serait fait large part. — Quelle preuve ? Les accusations des Belges eux-mêmes. Faible preuve, si elle existait ; qui ne sait leur rage contre ceux qui voulaient alors la réunion de la Belgique ? — Mais cette preuve, enfin, existe-t-elle ? — Non, elle a existé. — Où ? — Dans un dossier, chez Lebas, l’intime ami de Robespierre, lequel dossier aura été plus tard brûlé par les dantonistes. — Mais tout cela, qui le prouve ? C’est un cercle