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On ne le voit nullement. Ni Danton, ni personne n’avait ordonné septembre. La dictature de Danton, si elle avait été à craindre, ne l’était plus, avec l’ascendant que les fautes des Girondins assuraient à Robespierre. C’est ce que voyaient les plus sages d’entre eux. Ni Vergniaud, ni Condorcet, ni même Brissot, n’étaient éloignés de traiter ; Clavières non plus, le ministre des finances. Ce fut lui qui, avec les ministres de la marine et des affaires étrangères, Monge et Tondu-Lebrun, reçut les comptes de Danton. Clavières, ex-banquier genevois, sentait bien, comme homme d’affaires, que de si grandes affaires de police politique (et dans une crise pareille) ne pouvaient se traiter, comme des comptes de ménage, par livres, sous et deniers.

Danton était suffisamment lavé, si son principal accusateur, Roland, eût voulu paraître au conseil et signer avec les autres ministres. Roland s’abstint. Depuis plus d’un mois il n’y venait plus et n’y voulut point venir.

Danton ne fut jamais entièrement relevé dans l’opinion. Les Roland et leurs amis se trouvèrent avoir neutralisé en lui une des grandes forces de la République, celle qui l’avait le plus servie et pouvait la sauver encore. Ils avaient ébranlé pour toujours la confiance qu’il pouvait inspirer ; bien plus peut-être, la confiance qu’il avait en lui-même. Dès la première occasion, au 29 octobre, dans l’accusation solennelle de Roland contre la Montagne, nous ne trouvons plus dans les paroles de Danton la précision