Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/476

Cette page a été validée par deux contributeurs.

violent. Le bon abbé, lorsque les jeunes gens le pressaient, lui demandaient des recettes pratiques, répondait : « Le canon, la mort. » Voyant les Girondins scrupuleux, incertains, il les laissa là, applaudit ou vota la leur.

Au temps où nous parlons, Sieyès ne désespérait pas encore de la Gironde. Il allait vers le soir visiter les Roland, en était écouté. C’est lui peut-être qui les guida alors, leur prêta les lumières de sa haine de prêtre, de son expérience, et les fît agir plus adroitement qu’ils n’auraient fait. L’endroit faible fut marqué avec précision, pris à point, frappé juste, et de façon à blesser pour longtemps. On écarta le côté politique, on prit le côté financier, la responsabilité pécuniaire, la question d’argent.

La Convention tout entière (moins quelques obstinés de la Montagne) frappa la Commune, en décrétant qu’elle rendrait ses comptes sous trois jours.

Et elle frappa la Montagne elle-même, en ordonnant que le pouvoir exécutif (ceci touchait Danton) justifierait dans vingt-quatre heures de la manière dont il arrêtait ses comptes pour dépenses secrètes.

À frapper ce coup sur Danton, le serrer à la gorge pour un compte impossible, et faire descendre cette royale figure du génie de la République aux misères d’un débiteur sous la contrainte par corps, il y avait sans doute de l’adresse, — de l’habileté ? Nullement,

Danton, compromis pour toujours, amoindri et neutralisé, à qui profitait-il, sinon à Robespierre ?

La Montagne, la faction des violents, si naturel-