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répandre et lui en faisaient un devoir. Cette assemblée, leur juge, ils la faisaient responsable elle-même, déjà presque accusée. Ils lui déféraient l’épreuve du sang, disaient : « Qui ne tue pas, trahit. »

Ce qu’il y avait d’énorme et vraiment étonnant dans l’adresse de la Commune sur la garde départementale, c’est que, parlant de haut à la Convention et se disant le Souverain (le Peuple), la Commune contestait à l’Assemblée le droit de faire des lois.

La Convention, investie de pouvoirs illimités, avait promis pourtant, dans sa modestie généreuse, de soumettre la Constitution à la sanction des assemblées primaires. Eh bien, cette générosité, on la tournait contre elle. On lui soutenait que ce décret de police et de sûreté était un décret constitutionnel, qui devait, comme tout le reste de la Constitution, attendre la sanction du peuple. La Commune ne reconnaissait pas à la Convention le droit de faire des lois, même provisoires, de simples décrets d’urgence. En suivant ce principe, jusqu’à l’époque lointaine d’une sanction générale de la constitution, la France serait restée sans loi.

Si l’adresse n’était pas un acte de démence, c’était un appel à l’insurrection contre la nouvelle assemblée, sortie à peine de l’élection et qui arrivait avec la force de la France. C’était un défi qui lui était porté, non par Paris, mais par quelques centaines d’hommes que Paris, d’un vote unanime, venait de repousser. Ces hommes, dans treize sections, avaient, contre un décret précis de la Convention, exigé qu’on