y en eût pour tous les hommes. La France devait largement se donner et se prodiguer. Malheur à elle si elle eût voulu n’être libre et juste que pour elle-même ! Les dons de Dieu ne sont plus tels, si on les garde pour soi. Elle devait conquérir les peuples par cette tactique nouvelle, faire comme nos Français firent à Strasbourg pour les Allemands, comme ils firent encore jadis pour une place assiégée où l’on se mourait de faim ; ils entrèrent l’épée à la main, le pain au bout de l’épée. Ainsi l’épée de la France devait offrir et donner le pain à toute la terre.
Voilà comment la Révolution devait avancer, au dedans et au dehors, par un mouvement rapide, mais vital et régulier. Son génie n’était nullement contemplatif. Lui mettre en tête l’inertie de Pétion ou la faconde sans actes des avocats girondins, c’était l’obliger de tomber dans la maladie contraire, la furie des mouvements désordonnés que trop souvent la Montagne prit pour l’action réelle et le progrès de la vie.
Ce mot profond du Moyen-âge, si vrai en morale, l’est en politique : « Le cœur de l’homme est une meule qui tourne toujours ; si vous n’y mettez rien à moudre, il risque de se moudre lui-même. »
Il n’y avait pas un moment à perdre entre Valmy et Jemmapes ; il fallait donner à la Révolution quelque chose à moudre, la faire travailler selon sa nature et dans son vrai sens.
La roue s’accrocha, le progrès tarda. Et alors la