dévier, la question dominante de la Révolution : la vente des biens nationaux (qui, distribuant la terre à tous, rendait la Révolution solide, irrévocable), et la mobilisation et circulation de ces biens sous forme d’assignats.
Nul ami pour Cambon que ceux qui veulent la vente et l’assignat.
L’invasion de la Belgique, du pays essentiellement aristocrate et prêtre, avait éveillé en lui un espoir infini. Cambon aimait l’argent en général, mais combien plus l’argent de prêtre ! Ce qu’il haïssait le plus en ce monde, avec les fournisseurs, c’étaient les prêtres, les moines. Nul n’eut plus vive au cœur la vieille haine gauloise pour la gent des pieux fainéants. Tout cela irrité encore par une circonstance personnelle. Cambon, de Montpellier, avait émigré à Cholet, à la porte de la Vendée ; il avait établi une fabrique dans cette ville florissante alors, dont l’affreuse guerre des prêtres fit bientôt un monceau de cendres. Là il avait vu de près l’intrigue de ceux-ci dans les campagnes contre la ville industrielle et révolutionnaire. Il leur gardait rancune. La Belgique lui venait à point pour payer la Vendée. C’était une fête pour lui de s’asseoir en esprit à ce gras banquet ecclésiastique, de manger à sa faim du bien de moines et de chanoines. Il aiguisait ses dents. Le tout vendu et circulant en monnaie d’assignats eût engagé à jamais la Belgique dans la cause révolutionnaire. Elle eût aidé la France, comme elle devait, dans la grande guerre de la